Le 30 novembre 2021

Par Nahka Bertrand, adjointe aux communications chez APTN

APTN est fier de présenter la collection Alanis Obomsawin sur APTN lumi à compter du premier décembre 2021. Parmis le catalogue de 11 films documentaires est le film emblématique de la cinéaste iconique, Kanehsatake : 270 ans de résistance. Cette collection unique s’étend sur quatre décennies et retrace les vies, histoires et enjeux des Peuples autochtones partout sur l’Île de la Tortue.

Militante, chanteuse, conteuse et artiste visuelle de renommée mondiale, Alanis Obomsawin est l’une des cinéastes les plus distinguées et visionnaires au Canada. Avec une carrière de 54 ans à l’Office Nationale du Film (ONF), 53 documentaires à son nom, deux Prix du Gouverneur Générale y compris un Prix de la réalisation artistique ainsi que la plus haute distinction du cinéma québécois, le prix Albert Tessier, elle a certainement su se tailler une place dans le monde du cinéma autochtone.

Obomsawin est membre de la Nation abénakise et a grandi dans la communauté d’Odanak au Québec. Elle a été engagée à titre de consultante à l’ONF en 1967 pour son militantisme dans les communautés autochtones. Par la force de son caractère, sa volonté inébranlable, et ses efforts acharnés, elle a aidé à transformer la narrative coloniale au pays et a contribué à la création d’un changement sociale nécessaire pour les Peuples autochtones de tous les horizons.

Lors d’une entrevue avec Jesse Wente au Festival international du film de Toronto (TIFF), Alanis Obomsawin a dit « Si vous vous en faites vraiment et que vous voulez voir un changement, vous ne cédez jamais, vous ne baissez pas les bras. Peu importe ce qui arrivera. C’est de là que je viens. »

L’ouvrage magistral, primé et inoubliable d’Obomsawin est largement applaudi et reconnu par l’industrie du film et des médias. Sa voix, narrant plusieurs de ses films, est une inspiration parmi les passionnés du cinéma autochtone, qui l’attitrent « mère du cinéma autochtone. » Par contre, un grand nombre de Canadiens n’ont pas encore vu ses films. La collection Alanis Obomsawin d’APTN lumi vise à corriger cette lacune en honorant et offrant un espace aux voix mises à l’avant dans ses films. Accueilli favorablement par la critique, son ouvrage encourage la revendication des droits autochtones et invite l’audience autochtone ainsi que non-autochtone à s’engager dans une conversation ouverte sur les injustices auxquels les Peuples autochtones sont confrontés.

Une enfant autochtone ayant grandi au Québec et devant faire face à toutes sortes d’épreuves, Obomsawin a dû mettre au point la résilience de son cœur, une aptitude à se défendre en plus de ses idées, et une profonde écoute des histoires des autres. Tout au long de sa carrière et de sa vie, Obomsawin fait amplifier la voix des enfants, des jeunes et des Peuples autochtones aux prises avec l’injustice et dans une ère où ils étaient activement marginalisés. Elle a constamment accordé une priorité aux droits et histoires autochtones.

Son premier film, Christmas at Moose Factory, est sortie en 1971 et présente la voix des enfants alors qu’ils sont dans un pensionnat dans le nord de l’Ontario. Hi-Ho Mistahey!, sortie en 2013 met de l’avant l’histoire de Shannen, une adolescente Crie militante pour des droits éducatifs égaux. Chaque année depuis plus de cinquante ans, Obomsawin confectionne des jouets et des couvertes pour donner en cadeau aux enfants d’Odanak.[i] En 2016, la célèbre cinéaste a rencontré l’artiste autochtone Maria Hupfield en conversation pour sa série #callresponse dans laquelle elle a dit « La réconciliation c’est de regarder le lever du soleil. La réconciliation est dans vos relations, et dans vos relations avec vos enfants. »[ii]

Tout comme Obomsawin éduque les enfants sur l’histoire autochtone, ses documentaires cherchent à éduquer le grand public canadien. Kanehsatake : 270 ans de résistance est son chef d’œuvre le plus connu et raconte l’histoire de Kanehsatake pendant et après la crise d’Oka. Ce long-métrage documentaire a gagné 18 prix internationaux lorsqu’il est paru en 1993, soit trois ans après que la crise d’Oka a généré une attention médiatique du monde entier. La crise a commencé quand les Kanienkeha’ka de Kanehsatake ont manifesté contre la construction par la municipalité d’un terrain de golf sur un cimetière traditionnel. Les tensions se sont intensifiées quand le gouvernement canadien a envoyé des renforts par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Suite à une fusillade et la mort du Corporal Lemay, un siège de 78 jours de la communauté de Kanehsatake a eu lieu, avec des confrontations entre les manifestants et la GRC, soutenu par l’armée canadienne. Le film Kanehsatake : 270 ans de résistance est le seul document de ce qui s’est produit d’une perspective autochtone, derrière le barbelé et à la suite de la crise. La perspective du film retourne les stéréotypes et les narratives médiatiques sur les Peuples autochtones, créant un changement de paradigme pour l’auditoire.

« L’écoute, c’est là que ça commence. Et j’adore ça! Je vais écouter, peu importe ce qui arrive, je vais trouver la meilleure façon de raconter cette histoire. » Alanis Obomsawin a dit en conversation au TIFF. Ses films mettent les histoires autochtones en relief avec authenticité et souci. La passion d’Obomsawin pour le discours narratif et pour la réconciliation change le climat culturel tel que nous le connaissons.

Regardez la collection Alanis Obomsawin sur APTN lumi ici.

[i] https://www.cbc.ca/news/indigenous/alanis-obomsawin-s-tradition-of-giving-back-at-christmas-1.2474674

[ii] https://vimeo.com/188739342